Lundi 28 septembre 2009, les premiers coups de sécateurs sont donnés lançant les vendanges d'un grand millésime. Le jour est à peine levé.
L'équipe de coupeurs et de porteurs est au complet pour les deux jours de vendanges du cépage merlot.
Ils n'ont pas trop le temps de contempler le paysage même si l'imposant hôpital Pellegrin n'est pas très loin.
Des récipients en plastique ont remplacé les anciennes "bastes" en bois.
Après un été sec et chaud, l'automne est aussi très chaud aussi. Le raisin est ramassé à maturité idéale dans d'excellentes conditions.
Ici le merlot est le cépage majoritaire (55%). De tous les cépages plantés, c'est celui qui a la maturité la plus précoce.
Le merlot tient son nom de "petit merle" en patois. Il est vrai qu'il en a presque la couleur et que les merles peuvent en être friands.
C'est un cépage que l'on trouve plutôt majoritaitrement dans les appellations Pomerol et Saint-Émilion.
Pendant les vendanges, cohabitent trois catégories de personnel. Les coupeurs qui cueillent le raisin et remplissent un panier, les porteurs munis d'une hotte et le personnel du chai.
Le porteur ne se baisse pas au pied de chaque vigne. Il reste debout mais doit s'adapter au coupeur qui verse son panier dans une hotte légère.
Une certaine complicité s'installe entre le coupeur et son porteur.
Pour être porteur il faut avoir un bon dos et des jambes solides.
Le porteur est au service des coupeurs. Un brin de causette...
mais pas trop longtemps car il est souvent appelé par les coupeurs pour vider leur panier.
Ce sont des kilomètres qu'ils doivent parcourir du matin jusqu'au soir à travers les rangs plus ou moins longs.
Le but c'est de faire tomber délicatement le raisin dans un grand entonnoir sans qu'un seul grain ne tombe à terre.
Scène typique des vendanges avec l'incessant ballet des hottes vertes à travers les rangs de merlot.
Le porteur change lui-même l'entonnoir de baste dès que cette dernière est pleine.
Coupeurs, porteurs et tracteur sont appelés à changer de parcelle pour cueillir le même cépage.
Chaque vendangeur "prend son rang" et tout le monde commence à couper ensemble afin de faciliter le travail des porteurs.
Des dos courbés sur leur tâche, ce sont les coupeurs...
concentrés sur le raisin, le sécateur ... et leurs mains.
Parfois le brouillard matinal rappelle qu'on est bien en automne... on aurait tendance à l'oublier cette année.
De combien de vendangeurs cette fontaine du XIVe siècle a-t-elle été témoin ?
Le coupeur peut avoir sa propre technique face au pied de vigne...
il peut aussi changer de stratégie en fonction des douleurs musculaires au fil de la journée.
L'objectif c'est bien de cueillir le raisin sans se tailler un doigt !
Le plateau de vignes est planté de plusieurs cépages qui ne mûrissent pas en même temps. Une pancarte indique la limite entre merlot et cabernet.
Parfois il faut attendre que tout le monde ait terminé son rang. Un petit moment de pause où les discussions vont bon train.
Une autre équipe charge les bastes sur la remorque...
Quand la remorque est pleine, c'est au chai que seront portés les raisins sur la table de tri.
Un moment très attendu...la pause...
casse-croûte au milieu de la matinée.
Moment de partage où même celui qui n'a pas vendangé a droit à un petit quelque chose !
Le 13 octobre 2009, le soleil peine à traverser ses rayons à travers les arbres du parc, c'est le dernier jour de vendange.
Aujourd'hui, le spectacle est grandiose pour les vendangeurs. Le terme de château dans le Bordelais est souvent galvaudé. Pas ici ! Château Les Carmes Haut-Brion chacun peut le voir dès qu'il relève la tête.
Le cépage à cueillir aujourd'hui est le cabernet-sauvignon, cépage tardif qui va être ramassé à pleine maturité. Il entre à 15% dans le vin d'assemblage final.
Le cabernet-sauvignon a des grappes ramassées, moyennes, des grains ronds et à peau épaisse. C'est un cépage très répandu dans le Bordelais. Il résiste bien à la pourriture.
Les vendangeurs apprécient de travailler au pied du château construit par Léon Colin en 1840
Les cornes d'abondance sculptées sur la façade du château ont porté chance au cabernet-sauvignon qui a évité la grêle du 8 juin, contrairement au merlot.
Le cabernet-sauvignon est plus abondant que le merlot et il faut revenir plus souvent au chai porter les bastes.
Derrière ces arbres à quelques centaines de mètres, ce sont aussi les vendanges au château Haut-Brion.
C'est la dernière pause casse-crôute pour ces vendanges 2009. Un moment convivial apprécié de tous.